D’ici la fin septembre, de nombreux propriétaires proposant des locations meublées de courte durée devraient recevoir un courriel de la part de la Direction générale des finances publiques, DGFiP ou plus couramment : le fisc. Objectif de l’administration fiscale : avertir les bailleurs des évolutions d’ampleur qui entreront en vigueur dès 2025 concernant l’imposition de leurs revenus locatifs.
Un rappel dans le sillage de la loi Le Meur
L’année 2025 sera en effet la première à appliquer les nouveaux seuils définis par la loi Le Meur. Ceux-ci bouleversent le régime micro-BIC des locations meublées touristiques :
• 15 000 € de recettes annuelles maximum pour rester au micro-BIC dans le cas d’un meublé de tourisme non classé (contre 77 700 € auparavant).
• 77 700 € pour un meublé classé ou une chambre d’hôtes (contre 188 700 € jusqu’ici).
Résultat : un grand nombre de bailleurs, notamment ceux proposant des logements non classés, devront basculer dès 2025 vers le régime réel. Or, la DGFiP redoute que beaucoup d’entre eux n’aient pas encore pris conscience des démarches à entreprendre. D’où cette campagne d’information, qui ciblera les loueurs identifiés via la plateforme « Gérer mon bien immobilier ». Ces derniers recevront un mail rappelant les nouveaux seuils et, le cas échéant, confirmant leur passage automatique au régime réel. Lire aussi - La location de courte durée pour les nuls
Un avertissement trop tardif pour certains bailleurs ?
Si l’initiative vise à mieux préparer les contribuables, son calendrier interroge les experts de Jedéclaremonmeublé.com. Les loueurs concernés n’auront en effet que quelques mois pour se mettre à jour. Car déclarer ses revenus au régime réel implique de constituer une liasse fiscale pour 2025, à transmettre au plus tard en mai 2026. Cela suppose de conserver l’ensemble des justificatifs de charges, mais aussi de se familiariser avec des notions plus techniques comme le calcul de l’amortissement.
Autant dire que ceux qui n’ont pas encore anticipé risquent de se retrouver sous pression. Les erreurs de déclaration pourraient en outre avoir des conséquences financières lourdes. Découvrir également - Fiscalité : comment doit-on payer les impôts sur les revenus d'une location meublée ?
Un régime réel contraignant mais potentiellement avantageux
Le basculement vers le régime réel représente une étape délicate pour des bailleurs jusqu’ici habitués à la simplicité du micro-BIC. Les obligations déclaratives se complexifient : liasse fiscale, suivi rigoureux des dépenses déductibles, amortissements… autant de notions techniques qui risquent de surprendre les loueurs non préparés. Comme le précise Baptiste Bochart, juriste pour Jedéclaremonmeublé.com : « Pour des loueurs habitués jusqu’ici à la simplicité déclarative du micro-BIC, les spécificités déclaratives du régime réel risquent de représenter un certain choc. »
Cependant, cette contrainte peut rapidement se transformer en opportunité. Car le régime réel, s’il est bien maîtrisé, permet de déduire un grand nombre de charges et d’amortissements, et donc de réduire sensiblement l’impôt à payer, comme le rappelle le juriste. D’autant plus que la loi Le Meur a abaissé les abattements du micro-BIC à 30 % et 50 %, rendant ce dernier moins favorable qu’auparavant.
Cette campagne d’emails s’apparente donc à une piqûre de rappel, mais pourrait aussi faire figure de dernier avertissement. Car si le régime réel peut, à terme, se révéler plus avantageux que le micro-BIC, encore faut-il que les loueurs s’organisent dès maintenant pour éviter toute déconvenue fiscale.

